Lokis VII de Denis Savary est un être grand et massif, à l’équilibre inspirant la stabilité, d’une tête rappelant le nounours de notre enfance et de bras enveloppants et doux, dont les mains, qui auraient pu suggérer manipulations, ont été retirées.

Ce personnage qui nous interpelle dans un parcours piéton et urbain est l’offre d’un miroir de nous-même, la per-sonare, celle qui nous fait résonner à travers elle.

La forme est ici généreuse et solide, accueillante, vision d’une nature positive de l’homme, nature soulignée de ce vert végétal et pourtant fragile. Fragile la personne, car constituée de plusieurs morceaux aux soudures apparentes, témoins d’une construction déterministe qui échappe aux hasards de la création. Enfin insaisissable selon la lumière et son heure en faisant varier sa translucidité, témoin de toute la difficulté à se reconnaître dans un être mouvant surgit d’une psyché.

Saurez-vous y retrouver ce que vous êtes ?

JM

Pour Bienalsur 2021

 

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« Chose » de Pablo Reinoso est notre monde, un monde de limites et de gravité. Ce monde part du polygone quelconque qui s’insinue au milieu de notre vie sociale, surgissant de galets stériles désespérément semblables.

La verticalité jaillissante à l’unisson plie sous le poids du hasard et de la nature pour retomber en fragments tels une araignée qui tissera bientôt sa toile.

Une approche attentive va renverser la table de cette organisation d’apparence naturelle. Les pointes enracinées s’élèvent pour converger sous le poids gravitationnel dans un même tronc, suspendu, sans racines.

Unicité rassemblée d’un monde futur, ou bien éclatement d’un monde virtuel en suspension ?

JM

Pour Bienalsur 2021

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« L’Amie de mon Amie » de Katia Schenker est une lourde sphère de matière brute à la surface argentée telle une atmosphère exposée à la lumière des astres.

Elle est une planète, la nôtre peut-être, posée là, sur un univers limité, à la portée de tous ceux qui veulent bien la considérer. Elle est une invite dont l’ignorance serait sans doute inconséquente.

Pourtant elle se refuse au seul individu, posée, immobile, lourde d’une matière qui échappe au temps. Elle est donc un défi qui ne se relève qu’à plusieurs.

Bouger le monde ne se fait qu’en groupe ou en société, nous dit l’artiste. Mais si le pionnier se place au milieu, comment faut-il considérer ceux qui poussent sur les côtés ? Le monde ne suit-il que le chemin des leaders ? La tête serait-t’elle primordiale ou bien ne serait-t’elle que le résultat d’un consensus préalable ?

Bouger le monde ou l’ignorer ? Dans un sens partagé ou dans un sens dirigé ? Doit-on conclure que chaque culture enrichira ces réponses ?

JM

Pour Bienalsur 2021

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La « Source » d’Augustina Woodgate marque le haut de la rue du Prado. L’eau prend alors tout son symbole de commencement de la vie.

Abondante, infinie, elle ne cesse de couler, d’apporter l’indispensable à l’histoire du vivant. Dans sa représentation liquide, elle nous suggère l’éternel renouvelé et finalement la maitrise du temps.

Illusion car l’eau se fait capricieuse, absente d’un lieu où elle est attendue, présente là où elle devient indésirable.

Avide de régularité, l’homme social ne peut se satisfaire d’une nature qui l’ignore. Alors il construit. Il use des morceaux de nature pour tenter d’en faire ce qu’il entend. Il assemble pierre après pierre pour faire son chemin, celui qui parfois mène à l’eau.

Le but est commun. Les approches jamais identiques, ressemblent à la conduite des cités : finalité partagée, temporalité débattue… Il y a le chemin des grands et le chemin des petits. Il y a le chemin direct et le chemin de traverse. Le « bon » chemin sera t’il le vôtre ?

La victoire se mérite. Dans l’ultime effort de s’y pencher, la récompense si nécessaire n’est que suffisante. Elle ne permet qu’au conquérant de se désaltérer. Est-ce là une vision méritante de l’organisation du monde ? Est-ce l’alerte d’un partage des ressources de l’humanité en forme de défi ?

Les anciens valaisans ont répondu au défi de l’eau en construisant les bisses. La « Source » nous invite à méditer une histoire, et à se pencher sur le futur que nous souhaitons. Buvons et réfléchissons !

JM

Pour Bienalsur 2021

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« On How We Relate » d’Yvan Argote est un banc sur lequel s’installer tout seul est un déséquilibre. Il faut être à deux, à trois s’il faut un arbitre ou à quatre pour y être en force.

Le banc est un révélateur. Simple surface plane réhaussée d’un dossier, elle est un repos du corps quand l’esprit s’installe. On y regarde sans se regarder, on s’y parle sans discourir. Ne reste donc qu’une vision lointaine dont on échange les idées, sans préjuger de la personne qui partage cette même posture.

Ce banc à ressorts vient nous dire que cette approche de la relation est question d’équilibre. Equilibre des forces ou des intérêts, équilibre du corps pour obtenir celui de la réflexion, jeux insidieux d’une prise d’avantages, désarroi d’une pesante solitude ou sécurité d’une vision partagée, vision du bien nommé Etang Long au pied de Crans.

JM

Pour Bienalsur 2021

 

 

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