Le CAD (Chauffage à Distance) – un pas important

Bienvenue aux pellets et à la récupération de chaleur de la patinoire. Exit l’usine de chauffe à plaquettes forestières humides. Exit une zone industrielle au cœur de la Moubra.

 

 

La bonne nouvelle tombe le 3 décembre dernier à la fin de l’article du Nouvelliste sur l’adoption du projet de Thermes pour le Haut Plateau rapportant la décision de l’Association des Communes de Crans Montana :

 

Chauffage à distance

Par ce choix, Crans-Montana fait d’une pierre deux coups et règle un autre dossier qui s’enlisait, celui du chauffage à distance. La commune a déjà beaucoup investi dans la pose des tuyaux de raccordement. L’un des bâtiments prévus dans le complexe des thermes intégrera une centrale à pellets qui, en plus des bains, pourra chauffer des habitations. «Elle nous fournira les trois cinquièmes de l’énergie prévue par le projet initial. Il nous suffira de construire une autre centrale plus petite dans un autre bâtiment pour atteindre notre objectif», salue Nicolas Féraud qui constate en plus un net gain économique: «Alors que le chauffage à distance était budgétisé à 20 millions, nous arrivons à un coût de 3 millions avec cette centrale.» (sic Le Nouvelliste)

 

L’usine de chauffe à plaquettes forestières humides avec son cortège de pollution au chrome 6 et aux particules fines, son faible rendement et sa noria de camions qui aurait défiguré tout le secteur de la Moubra, est abandonnée. Place à 3 sources principales d’énergie pour les tuyaux du chauffage à distance promptement installés : 2 centrales à pellets intégrées dans les bâtiments et la récupération de la chaleur induite par la patinoire l’hiver. Le raisonnable a surmonté la crise.

 

Retour en arrière

 

Tout commence en 2017 avec ce projet communal d’usine de chauffe. L’Apach est interpelée par l’un de ses membres qui signale ce projet fou collectionnant toutes les nuisances possibles. Le Comité et le Président ne peuvent engager un combat politique qui n’est pas directement dans la mission de l’association mais crée avec sagesse une Commission d’information dédiée pour examiner le fond du problème.

 

Une Commission d’information créée par l’Apach

 

Cette Commission CAD est allée s’informer, enquêter, consulter les experts de la question, et prendre connaissance de l’épais dossier de mise à l’enquête. Résultat : fin 2017, 817 oppositions individuelles ou de copropriétés sont formées et formalisées par 3 cabinets d’avocats contre le projet existant, polluant et déficitaire ad nauseam. Mieux encore, les oppositions viennent de ceux qui seraient les premiers clients du chauffage à distance mais qui en rejettent les modalités. Un projet sans clients…

 

Début 2018 la situation est bloquée, telle une guerre de position. D’un côté les tranchées et la pose des tuyaux continuent car elles ne nécessitent pas de mise à l’enquête, tandis que le projet d’usine de chauffe contesté est bloqué.

 

Naissance d’un groupe informel

 

Entretemps le Comité d’information de l’Apach donne naissance à un petit groupe informel qui va travailler comme jamais sur ce dossier. Des centaines de pages d’expertise sont élaborées démontrant que les solutions passent par une mise en réseau des ressources (géothermie, solaire, petites centrales à pellets, récupération d’énergie de la patinoire) mais aussi de sérieux travaux d’isolation qu’il faudra aider dans bien des bâtiments. Ce travail sera récompensé par le silence et l’opposition sourde du lobby des plaquettes. Le pourquoi reste un mystère qui restera … mystérieux.

 

Déjà 11 millions sont engloutis dans les tuyaux sans savoir l’usage qui en sera fait. Le désastre pointe son nez.

 

Informer, toujours informer

 

Ce même groupe de personnes de bonne volonté est rejoint par des politiques qui restent à l’écoute et des experts surpris des incohérences du projet initial. Ce même groupe réussit non sans mal à faire réaliser une contre-expertise du projet qui fait l’effet d’une bombe toutefois  quasiment étouffée par les tenants de l’usine à plaquettes humides. Le doute s’installe néanmoins et le débat est relancé. Cette fois, une recherche de consensus est entamée dans la pure tradition helvétique.

 

Le raisonnable l’emporte

 

Entretemps les élections communales ont éliminé quelques idéologues de la plaquette humide et le calme revient faisant place au raisonnable. L’attractivité de notre Haut Plateau n’étant pas en reste, un nouvel investisseur se présente pour enfin concrétiser des thermes dont les Communes (et les résidents) rêvent depuis une décennie. Ce sera « Les Thermes du Haut-Plateau », avec thermes, hôtel et restauration et… chauffage par centrale à pellets intégrée au bâtiment, qui, additionnée d’une seconde centrale plus petite dans un bâtiment communal et des thermies de la patinoire, vont faire naître sainement le chauffage à distance.

 

On ne peut que saluer cette issue qui satisfait tout le monde grâce à l’art du compromis. Bien entendu la vigilance reste encore un peu de mise car il faudra examiner les contrats qui seront proposés par un nouvel exploitant dont on espère un peu plus de sérieux, ainsi que la réalisation de cet ensemble qui devra rester performant pour ne pas générer des déficits pesant sur le contribuable, le prix de l’énergie étant plafonné. Les propriétaires concernés devront encore rester a minima en observateurs éclairés, voire en acteurs responsables en regardant de près la qualité des isolations.

 

Cette bataille est néanmoins terminée et bien terminée. Les politiques qui s’y sont impliqués méritent soutien et reconnaissance mais ceux dont le ralliement s’est fait plus tardif méritent aussi soutien et reconnaissance. Le résultat est seul juge de paix. La Moubra est sauvée de la pollution, ses routes ainsi que celle de Chermignon sont sauvées de mortels et incessants passages de camions fous, tandis qu’un réseau de chauffe responsable pointe le bout de son nez.

 

Je ne pourrai pas nommer les bonnes volontés qui ont formé ce groupe d’anthologie. Il ont fait leur devoir en leur âme et conscience, par le doute, le travail, le dialogue et la conviction. L’Apach a permis la formation de celui-ci, et aujourd’hui il faut lui en témoigner reconnaissance.

 

L’Apach c’est vous aujourd’hui, mais aussi demain

 

Notre association ne fait pas de politique. Elle représente les propriétaires avec toutes leurs sensibilités. Lorsqu’elle ne peut prendre position, son rôle est alors de creuser, sans relâche, les sujets qui nous concernent tous, afin que la lumière puisse couvrir toutes les zones paraissant obscures pour éclairer sagement les décideurs.

 

Peu importe qui.

Demain ce sera vous.

Et c’est important.

 

Jean Metz

Rédacteur du jour – pour le Comité Apach

Décembre 2020

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