Le Nouvelliste – 09.12.2020

Hippisme: pourquoi le Jumping de Crans-Montana passe à la trappe

L’association des communes (ACCM) n’a pas eu le choix que de restreindre ses aides aux manifestations locales. Le Jumping de Crans-Montana en a fait les frais.

PAR CHRISTOPHE SPAHR

«Notre bébé était visiblement plus beau à nos yeux qu’à ceux des communes du Haut-Plateau.» Daniel Perroud, organisateur du Jumping de Crans-Montana depuis 2016 aux côtés de François Besançon, n’est ni fâché ni aigri d’avoir dû prendre la décision de cesser d’organiser un événement 4 étoiles qui, au fil des années, s’était forgé une solide réputation. Au point de devenir le concours de montagne le plus important d’Europe avec Saint-Moritz. Or, la décision de l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM) de réduire son soutien financier aux termes du contrat initial de cinq ans a scellé le sort de ce rendez-vous estival sur le parking de Cry d’Er. Ce montant, selon nos informations, s’élevait chaque année à un peu plus de 300 000 francs.

A lire aussi: Hippisme: le Jumping de Crans-Montana devient une compétition 4 étoiles

L’organisateur tentait depuis 2018 déjà de prolonger ce financement pour cinq années supplémentaires afin d’assurer la pérennité du Jumping. «En août 2020, l’ACCM nous a confirmé vouloir prolonger son soutien mais elle doit le diminuer de 40%», explique Daniel Perroud. «Il faut savoir que sur un budget de 1,8 million, le Jumping s’appuie sur des aides publiques à hauteur de 40%. Cette décision a constitué un coup de massue mais nous avons déniché un privé, à Crans-Montana, prêt à combler la différence pour 2021. Là-dessus, nous avons relancé l’ACCM pour savoir si elle pouvait s’engager pour trois ans. La réponse était positive sauf qu’en lisant les conditions, on s’aperçoit que l’association nous supprime une prestation en nature. Je reconnais que ç’a été la goutte d’eau de trop.»

 

Une étude menée par la HES-SO

L’association a donc pris acte de cette décision. A titre personnel, David Bagnoud, son président, la regrette. Il assure que la diminution du soutien apporté au Jumping n’a rien à voir avec la discipline, l’hippisme, ni avec la manifestation. En résumé, elle n’a rien d’arbitraire. «Non», répond David Bagnoud. «Il faut savoir que le budget global des manifestations ne cesse d’augmenter depuis sept ou huit ans. Les délégués des trois communes ont demandé au comité directeur de mettre un frein à cette fuite en avant et de réduire notre soutien. A partir de là, l’office du tourisme a mandaté la HES-SO pour définir des critères très précis et d’évaluer, très précisément, l’impact et les retombées de ces manifestations pour le Haut-Plateau.»

Les résultats de cette enquête ont permis à l’ACCM de redéfinir les montants attribués aux uns et aux autres. Certains événements ont vu leur aide augmenter, d’autres diminuer à l’instar du Jumping. «Ce concours a été soutenu de façon très importante ces dernières années», rappelle David Bagnoud. «J’estime qu’il amenait un autre type de clientèle avec un fort pouvoir d’achat. Mais il s’agit d’être cohérent et juste avec tout le monde en tenant compte des résultats de cette étude. Je reconnais toutefois que le Jumping a été parmi les plus impactés par ces restrictions.»

Le budget était presque assuré

L’organisateur genevois comprend aisément les contraintes et les soucis des communes du Haut-Plateau. Entre les lignes, il présume toutefois que la station n’était pas assez attachée à cet événement malgré des retombées directes et en termes d’image intéressantes. «Je suis triste parce que 95% du budget (ndlr: 1,8 million) était assuré», assure Daniel Perroud. «Finalement, j’en déduis que les communes n’y tenaient pas plus que tant alors que les commerçants, eux, étaient tous convaincus de l’intérêt et de l’attrait de ce concours.»

Ils n’envisagent pas de délocaliser le Jumping

Daniel Perroud et François Besançon n’envisagent pas pour autant de transférer ce Jumping 4 étoiles dans une autre station. Et ce même s’ils ont déjà été sollicités par une destination des Alpes vaudoises et une prestigieuse station bernoise habituée à accueillir des épreuves sportives d’envergure internationale. «Non, nous nous étions lancés par attachement à la station», conclut Daniel Perroud. «Nous nous étions pris au jeu mais nous n’avons pas la volonté de délocaliser ce Jumping.»

A lire aussi: Crans-Montana accueillera à nouveau un Jumping dès l’été 2016

MICHEL DARIOLY N’EST PAS CANDIDAT À UN RETOUR

Certes, Michel Darioly avait quitté le Haut-Plateau avec quelques fracas. Le temps aidant, il n’est toutefois pas utopique de l’imaginer s’intéresser de nouveau à un site en altitude. Après tout, il aime bien organiser des manifestations en station. «Non», coupe-t-il. «Le site où se déroulait le concours, sur le parking de Cry d’Er, n’est pas adapté à mon idéologie. J’ai besoin de davantage de place afin d’accueillir un village, du public et des exposants. Ma philosophie d’organisateur de concours n’est pas en adéquation avec cet emplacement. Maintenant, si un autre site devenait disponible et serait adapté à nos besoins, je ne voudrais pas écarter cette option. De toute façon, pour 2021, c’est trop court et les conditions sont encore trop incertaines.»

Laisser un commentaire