Ca sonne comme une recette de cuisine, non ? Allez, on vous dit la vérité, c’est celle d’un mets délicieux à déguster goulûment…

L’appétit vient…

Nous savons tous, comme propriétaires à Crans-Montana, Lens ou Icogne, qu’une bonne qualité de vie commence par amour mais perdure grâce au « vivre ensemble »… Cette seconde phase est, d’expérience, moins résistante à l’épreuve du temps… Je vous propose donc une bonne désinfection de nos douillets foyers pour que nous n’y conservions que chaleur et bonne humeur.

Nous avons tous observé que vivre « les uns sur les autres » engendre les frustrations les plus diverses, ceux étant trop en-dessous se sentant écrasés par ceux trop au-dessus…Et quand cela devient obligatoire, il est urgent de concevoir les traités de paix…vite !

Imaginez-vous sur un yacht traversant les océans. La mer est belle, l’alizé souffle comme la caresse d’une main qui  porte à l’autre rive, atteinte en deux à trois semaines. Vous êtes en couple, en famille ou avec quelques amis, dans ce bateau que le vendeur vous a dit confortable, mais doté d’une pénurie flagrante d’espaces privatifs.

Toujours d’expérience, vous savez depuis la naissance, que la colère (ouin…) raccourcit les distances au début, puis les étendent (v.t.f.f. …) à l’âge adulte lorsqu’on apprend que celui qui crie le plus fort, souvent, se fait entendre plus loin. Très mauvais réflexe en milieu confiné, de courtes dimensions, car alors, la surdité guette…

Dressons la table

Pour que l’expérience soit profitable, un peu de solennité ne semble point superflue. Elle balise l’importance du sujet par la célébration du mythe. Une belle table bien dressée au milieu du carré ou de la salle à manger illustre le symbole culturel d’une vie sociale, quand les éléments extérieurs se déchaînent. Profitons de ces tempêtes pour aménager nos abris, yachts, appartements, chalets, dans tous leurs aspects chaleureux.

L’appétit aime la sécurité

Et la sécurité aime la régularité… Quand il y a une voie d’eau à bord du yacht, l’objectif n’est pas de rendre le bateau étanche ; l’objectif est qu’il puisse flotter…

De la même façon, le premier acte fait le diagnostic des difficultés nouvelles. Mettre (et faire mettre) en œuvre les mesures sanitaires afin qu’elles deviennent naturelles. Le secouriste protège d’abord les personnes avant les biens. Loger, boire, manger, dormir, protéger, sont les fonctions à considérer dans un environnement bouleversé. Définir ces impératifs permet d’élaborer un plan où ces questions sont traitées à l’avance, sans oublier les plans alternatifs.

L’examen suivant concerne l’élasticité du temps : quelles sont les grandes étapes des difficultés qui viennent ?

Un temps pour tout ?

La monétarisation de nos sociétés occidentales nous a fait confondre le temps et l’argent. En ayant besoin de temps, on a besoin d’argent. Une analyse des moyens dont on dispose en terme d’actifs utiles (logements, moyens de transport et de communication), de patrimoine et de sources de revenus s’impose dans ce nouveau contexte. Ce diagnostic indispensable permet de délimiter les actions possibles. Un bon général conçoit sa stratégie avec les moyens dont il dispose et non ceux qu’il souhaiterait… Cet analyse permet de conduire, même dans la difficulté, le sens de l’action salvatrice.

Sur un yacht en difficulté, après avoir colmaté grossièrement la fuite et calculé le temps qu’il reste avant de couler, on évalue ce dont on dispose en eau, en énergie, en matériel de survie, pour savoir si on appelle l’hélico tout de suite ou le copain qui viendra aider demain…(**)

Ces phases successives sont autant de moments stables, connues donc sécurisées. Si ces phases tendent vers la dégradation, on évalue les besoins successifs en aide extérieure avec un calendrier. Si ces phases se révèlent stables, on peut s’installer dans la durée, donc à l’abri des dangers de l’inconnu.

Le maillon faible

Mais le meilleur actif à considérer, c’est l’équipage. Savoir avec qui se retrouver dans la même barque permet d’agir ensemble, en étant donc plus fort. Après avoir rassuré et sécurisé l’équipage, il faut faire partager le plan d’action. Cela évite les conflits dévastateurs et démultiplie les effets du plan de secours. En mer on est très proche de l’esprit de consensus helvète, additionné d’un capitaine à l’écoute qui fera comprendre l’intérêt général (et non celui de chacun…)

L’art culinaire

Ingrédients :

–        Lieu confiné : 1

–        Participants : QSP(*) rester de bonne humeur.

–        Sang-froid : proportionnel aux statistiques.

–        Liaison internet : solide et sans faille.

–        Amis et membres de l’Apach : tous en réseau.

–        Livreurs à domicile via commandes internet : Epicerie, Fruits et Légumes, Produits frais, Fournitures informatiques.

–        Comptes bancaires : plutôt 1 bien plein que plusieurs moins pleins.

Recette :

Mélanger le tout dans n’importe quel ordre : çà peut finir par prendre si çà ne tourne pas…

Précautions :

Le point faible de la recette est dans le mélange des participants. C’est comme l’huile dans la mayonnaise : la mettre tout d’un coup et voilà qu’elle se disloque.

Le marin y porte grande attention en organisant des rythmes sociaux : moment formels où l’on est tous réunis, réunions bi-latérales, travail en équipe, moments d’isolement. L’un des points les plus importants est la phase d’isolement nécessaire à chacun, qui permet la réflexion personnelle et la remise en appétit d’un « vivre ensemble » renouvelé avec les autres membres de  l’équipage.

Et la météo

Nous voilà maintenant parés pour affronter le temps et l’isolement, avec une équipe soudée et un plan réfléchi. Un moment d’exception pour profiter de cette expérience de responsabilités, loin d’un monde handicapé d’individualités.

Reste à suivre la météo – l’info – en multipliant les sources, pour profiter pleinement des mers calmes ou se préparer aux veillées d’armes lorsque la tempête ne peut être évitée.

Bon vent à tous !

Jean

Apach toujours, marin parfois.

 Crans-Montana, fin mars 2020

 (*) QSP : acronyme utilisé sur les boites de médicaments : Quantité Suffisante Pour.

(**) : d’où l’avantage des grandes traversées océaniques où la question ne se pose pas car il n’y a personne pour répondre, avant plusieurs jours…

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