Les brèves du Haut-Plateau

vues de l’Apach

La vie s’est ralentie, l’agitation évaporée, le calme bucolique des alpages s’est installé dans la douceur de l’air qui sort de l’hiver, brisé du chant des oiseaux qui annonce la fin prochaine des neiges aux sommets, menacées d’un soleil radieux dans un ciel immaculé.

La vie dite moderne est restée sur l’étagère des frénésies, pour laisser place aux cris du jeu des enfants dans les jardins, au bruit de la bêche du vieux monsieur qui commence à remuer sa terre, aux paroles sages et feutrées de passants en ballade. L’apiculteur de Flanthey porte le masque mais celui de l’amitié qui le lie à ses troupes en préparant les cadres qui vont accueillir ses nouvelles protégées. La cave de la Romaine est en pleine extension, promesses de flacons précieux dont l’abondance accrue enjouera davantage de palais gourmets.

Ici le saugrenu n’a pas franchi les frontières de la raison et chacun peut faire ses courses sans crainte de mourir, ni de faim, ni de soins. On marche, on flâne, on discourt sur l’air du temps, la famille, le jardin qui attend, l’emploi du temps. On court après rien et on pédale après tout. On se salue beaucoup en vélo : un signe complaisant quand celui qui peine en montant croise celui qui file au vent de la descente ; le petit mot d’un salut à peine victorieux de celui que le souffle de l’âge et la jambe entraînée surpasse irrémédiablement le dilettante en recherche de nouvelle énergie.

De retour au foyer de nos montagnardes cabanes, on se retrouve en famille, les jeunes générations finissant leurs travaux en réseau sur des machines en réunion. L’art culinaire reprend ses droits, les histoires et les contes entourent la cheminée désormais en sommeil de feux qui attendront les prochains frimas.

Bienvenue aux confins

Qui prennent soin

De nos aînés

Et de notre santé.

Crans Montana le 18 mars 2020, impressions d’une épidémie.

Jean

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