PAR FLORENT BAGNOUD

Avec une marge d’autofinancement de 14,4 millions de francs en 2018, Lens dispose des ressources nécessaires afin de poursuivre le fil de son histoire de façon indépendante. Cela signifie-t-il qu’elle est trop riche pour fusionner avec sa grande voisine de Crans-Montana? Nous avons mené l’enquête.

C’est une évidence qui saute aux yeux depuis la plaine. Le plateau de Crans-Montana ne doit pas être morcelé. Avec la fin prochaine de l’ACCM dans la forme qu’on lui connaît, les communes de Crans-Montana, Lens et Icogne auraient tout avantage à fusionner afin de garantir une gestion plus rationnelle de leur territoire. A cet effet, et dans sa carte du Valais de 2030, «Le Nouvelliste» prend le pari d’imaginer une seule grande commune sur le Haut-Plateau.

Oui, en théorie

Alors, fantasme ou réalité? Président de Lens, David Bagnoud est catégorique. «Dans l’optique d’un Valais romand à 19 communes en 2030, cette vision est logique. Mais, à l’heure actuelle, que ce soit au sein de la population ou dans les partis de notre commune, la fusion n’est absolument pas un sujet de discussion.»

«Même sans forfaits fiscaux»

Il faut dire qu’avec des revenus de 41,6 millions de francs ainsi qu’une marge d’autofinancement de 14,4 millions en 2018, la commune de 4200 habitants dispose des ressources nécessaires afin de poursuivre le fil de son histoire de façon indépendante. Parmi ses différentes rentrées financières, elle perçoit annuellement près de 10 millions de francs de forfaits fiscaux. Et alors qu’un durcissement du régime de l’imposition d’après la dépense entrera en vigueur au 1er janvier 2021, Lens ne craint pas l’amenuisement de ces ressources.

«Quelques millions de francs pourraient s’envoler. Mais il faudrait plus que cela pour mettre la commune en difficulté. Avec notre taille, nous pourrions vivre confortablement avec une marge d’autofinancement de 8 à 9 millions de francs», explique David Bagnoud.

Un enjeu: l’après ACCM

Est-ce dire que Lens est trop riche pour fusionner avec Crans-Montana? «Non, notre commune n’est pas trop riche. Elle jouit simplement d’une taille parfaite, et est particulièrement bien desservie en matière d’infrastructures et de services à la population», poursuit le président PDC. Il reconnaît toutefois que les projets liés au développement touristique de la région doivent être gérés de manière transversale entre les trois communes. «Tout le monde en a conscience. Et notre plus grande préoccupation à ce jour est de voir comment ces collaborations vont se poursuivre lorsque l’ACCM aura disparu.»

En tout cas pas avant 2030

Vice-président PLR de Lens, Bertrand Emery estime lui aussi qu’il est trop tôt pour parler de fusion. «Et l’argent n’est pas la raison qui fait que nous ne souhaitons pas fusionner.» A l’entendre, la réforme de l’ACCM, suivant la forme qu’elle prendra, pourrait toutefois être une étape intermédiaire en vue d’un rapprochement. Représentant du parti La Lensarde au Conseil communal, Patrick Lamon ose même aller plus loin. «La commune peut évidemment prospérer avec ses moyens financiers. Mais il faut être réaliste, les dossiers que nous gérons avec Crans-Montana sont nombreux, et à terme la fusion s’imposera naturellement. Mais ce ne sera certainement pas avant 2030.»

Crans-Montana espère la fusion

Du côté de Crans-Montana, commune tout aussi riche et bien desservie que Lens, le président PLR Nicolas Féraud ainsi que les conseillers Carlo Clivaz (PCS), Yvan Rion (UDC) et Joseph Bonvin (PDC) nous ont rappelé leur souhait d’un jour pouvoir célébrer une union entre les trois entités du Haut-Plateau. Pour le dernier cité, ce sont bel et bien les finances qui vont dicter le rythme du processus. «La situation étant bonne de part et d’autre, j’imagine qu’une fusion ne devrait pas intervenir avant deux ou trois législatures.»

Lens d’abord avec Icogne

En attendant, la commune de Lens ne cache pas s’être tournée vers sa petite voisine de l’ouest en vue d’une première union. «Pour moi, la fusion avec Icogne coule de source. Je souhaiterais entrer dans le vif d’une étude lors de la prochaine législature», termine David Bagnoud.

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