Vous trouverez ci-dessous une copie de la lettre que nous avons adressé aux Présidents des communes du Haut-Plateau ; aux Conseillers Communaux, aux responsables en charge du tourisme de Crans-Montana et aux dirigeants de CMA.

 

 Communiqué : lettre ouverte

 

 Messieurs les Présidents des Communes du Haut-Plateau, Mesdames, Messieurs les Conseillers Communaux, Messieurs les Responsables en charge du Tourisme de Crans-Montana, Messieurs les Dirigeants des Remontées Mécaniques,

L’ Apach et l’ensemble de nos membres observent avec soulagement que vous avez signé un cessez-le-feu, sinon la paix.

Les uns oseront imaginer avoir vaincu, les autres oseront imaginer avoir cédé. Sans doute les uns et les autres sont les mêmes et réciproquement. La réalité ressemble néanmoins à un champ de bataille qu’il va falloir reconstruire, tout en mettant au placard vieilles rancœurs et egos surdimensionnés.

Car si les vacanciers, les résidents secondaires, les « riches étrangers » ou nos membres ont subi les frasques de vos malentendus, les hôteliers, les restaurateurs, mais aussi les électriciens, les chauffagistes, plombiers, constructeurs, plâtriers, peintres, garagistes, épiciers, boulangers, traiteurs, taxis, pharmaciens, marchands d’articles de sport, et par conséquent tous ceux qui œuvrent à faire rentrer de l’argent en se dévouant pour leurs clients ont été et demeurent en première ligne.

Que représentent-ils ?

Les 3 budgets communaux totalisent quelques 140 millions de francs par an (3 fois le budget communal de Sierre pour le même nombre d’habitants) dont plus de 40% vient des forfaitaires et des impôts des activités touristiques directes et indirectes, ce qui fait 56 millions par an. Est-ce que vos électeurs sont prêts à payer ces 56 millions (11 000 chf par foyer) en augmentations d’impôts pour compenser un tourisme sabordé ? Oseriez-vous leur poser la question ?

Vos électeurs ne veulent pas « payer pour les riches », pour les oisifs, pour les « étrangers » : soit, mais il faudra un jour leur expliquer que ces gens-là apportent 40% des impôts collectés, sans compter le nombre d’emplois financés. On peut traire la vache, mais il faut bien lui donner à manger pour continuer à la traire.

Quand prendrez-vous les initiatives nécessaires pour combler les fossés de l’incompréhension entre population « des villages », population du Plateau, résidents secondaires, forfaitaires ou étrangers résidents ? Le communautarisme serait-il venu jusqu’ici ?

 

Vos assemblées primaires ont été fières de rafler plus de 4 millions par an dans la poche des résidents secondaires, qui eux n’ont pas la parole.

Par ailleurs les dépassements de budget de plusieurs dizaines de millions (patinoire…) ne font pas peur à certains. En revanche quand il s’agit d’activités clés de la station, il faut chipoter chaque millier de francs jusqu’à en arriver à des blocages dignes de mouvements de grève qui fait honte au pays entier et discrédite Crans Montana sur le plan international.

Mieux encore, vous sautez sur toutes les aubaines d’investisseurs en leur vendant des activités de service public impossible à rentabiliser tout en prétendant à l’excès de générosité quand il s’agit de contribuer à un minimum d’équilibre pour l’intérêt collectif.

Allez-vous privatiser vos routes, l’adduction d’eau, la collecte des déchets, les polices communales, la distribution des permis de construire, les bourgeoisies ? Les délégations de service public ont leurs limites et les remontées mécaniques en font partie. Il faut en compenser les faiblesses avec de l’argent public car ce sont des activités essentielles à la vie de la station qui créent de la richesse autour d’elles. Si vous n’êtes pas prêts à en faire comprendre les effets, alors il faut également demander à la Confédération que les riches Cantons cessent de financer les moins riches, dont le Valais fait partie.

Personne n’est obligé d’apprécier telle ou telle société privée qui vend de l’assurance maladie de base (Lamal) sur un contrat fédéral unique. En revanche tout le monde peut en apprécier les investissements nécessaires pour rendre ce service, ainsi que les garanties publiques si l’une d’entre elles rentrait dans des difficultés. De même personne n’est obligé d’apprécier qu’un investisseur étranger  prenne la majorité dans une activité dont la teneur est loin d’être privée, mais il est contre-productif de rêver de l’étouffer et de le pousser à se débattre dans le désespoir d’équilibres intenables. Sinon il faut reprendre la main, le racheter, et prendre ses responsabilités.

L’aubaine de l’argent facile de la promotion immobilière sauvage en vendant des morceaux de paysages sublimes dans des cubes en béton posés sur des alpages qu’un temps personne ne voulait, est bien révolu, et vous le savez.

Que n’as-t’on entendu parmi nos 1200 membres, écartelés entre colère et tristesse, criant au boycott, au retrait de concession, aux élections anticipées, ou implorant le retour de la gentleman attitude incarnée par feu Roger Moore !

Le temps de la traite du touriste ou du résident secondaire arrive à sa fin et la forfaitisation de la taxe de séjour ressemble fort au baroud d’honneur.

Il va bien falloir ranger les aubaines d’un jour, les rivalités de clans, les intrigues spéculatives, les vengeances malsaines, les jalousies colériques, les inimitiés rentables et les coups malins, dans les placards de l’histoire sous peine d’aller s’y enfermer soi-même.

 Il va bien falloir construire la paix et le faire vraiment. Il va bien falloir reprendre les travaux pour bâtir des services dignes d’une destination touristique internationale de qualité. Il va bien falloir mettre tout le monde autour de la table dans un esprit d’équipe constructif.

Oui, Messieurs, notre prétention ici, est de vous convertir à l’esprit d’équipe. Nous, l’Apach, n’hésitons pas une seule seconde à vouloir vous forcer à cette conversion, car les otages que nous avons été, la honte que vous nous avez fait porter quand nous défendons la station vis à vis de ceux qui ont à juste titre critiqué le Crans-Montana qui nous est cher, nous blessent au plus profond de nous-même. Et si vos plaies sont financières, les nôtres atteignent nos sensibilités affectives pour notre magnifique Haut-Plateau.

 

Alors quand on est dans le péché, il faut faire pénitence.

Et comme pénitence, vous allez nous réciter dix fois la paix, cent fois une belle station avec de bons services, mille fois une station où le séjour en vaut « absolument » l’expérience, dix mille fois la station où chaque séjour laisse dans la mémoire le désir le plus fort d’y revenir au plus tôt.

Et pour vous accompagner dans ce chemin dont nous avons toute conscience qu’il ne présente pas que des facilités, soyez certains que loin de toute rancune, l’Apach, son Comité et tous ses membres sont à vos côtés pour les vastes projets constructifs qui porteront Crans Montana au meilleur d’elle-même, et seulement pour le meilleur.

A tous, pour tous, ensemble, absolument,

 

l’Association APACH

                                                                                                                                      

                                                                                                                            

 

Nous vous remercions pour vos nombreuses réactions.

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